La route du futur

Pour répondre aux enjeux de la transition écologique et de la transformation numérique, le secteur routier doit penser à sa transformation. De nombreuses innovations voient ainsi le jour. Centaure vous propose d’en découvrir quelques-unes.

Les Français restent encore très attachés à leur voiture puisque 90 % estiment que la vie serait bien plus compliquée sans*. Elle a donc encore de beaux jours devant elle, mais sous quelle forme ?

Les véhicules autonomes

Un décret publié le 1er juillet 2021 officialise un « cadre réglementaire complet pour la circulation des véhicules autonomes ». Dès septembre 2022, ils seront autorisés à rouler sur des parcours ou des zones prédéfinis. Mais tout ne sera pas permis.

En attendant, dans la Drôme, une navette autonome partagée appelée Beti a été testée pendant plusieurs mois et les conclusions de cette phase de test sont positives. Un premier jalon de franchi qui devrait être suivi d’une phase de test de mise en réseau avec plusieurs navettes en circulation.

Des véhicules électriques autonomes pour une utilisation de groupe voient également le jour. Par exemple, Google travaille actuellement sur une route bardée de capteurs reliant les villes de Detroit et Ann Arbor aux États-Unis afin de réserver cette voie de circulation à des navettes autonomes.

Les véhicules électriques

Les véhicules électriques (et hybrides) connaissent un très fort engouement du fait des progrès technologiques (autonomie en hausse), mais aussi des obligations réglementaires nous conduisant irrémédiablement à la fin des véhicules thermiques.

Des solutions électriques innovantes voient ainsi le jour telles que celle de la SNCF en collaboration avec la start-up Milla : Flexy. Il s’agit d’une navette électrique capable de rouler sur la route et sur des rails. Une nouvelle solution de mobilité qui a pour but de décloisonner certains territoires ruraux.

Cette navette ultra légère est une alternative à la voiture individuelle et proposera un service sur des petites lignes de train actuellement fermées car non rentables. Conduite par un conducteur professionnel embarqué, elle pourra accueillir à son bord 9 passagers et aller à une vitesse maximale de 60 km/h grâce à son moteur électrique. L’idée est de faire une partie du trajet via les lignes de trains non utilisées et l’autre via la route.

Les parkings relais

Depuis quelques années maintenant, on remarque de plus en plus de pictogrammes P+R (« Park and Ride ») sur les panneaux de signalisation aux abords des grandes agglomérations.

Ce sigle universel permet d’indiquer un parc relais pour automobiles afin d’inciter les automobilistes à accéder au centre-ville en transport en commun.

Il s’agit donc d’un pôle d’échange qui encourage l’intermodalité entre la voiture particulière et les transports collectifs dans le but de limiter les effets liés à la circulation des automobiles dans les centres-villes (nuisances sonores, environnementales et de circulation).

La route intelligente

Autre nouveauté que l’on voit arriver de toutes parts : les routes connectées.

Le projet Scoop, cofinancé par la Commission européenne, créé ainsi un réseau de routes connectées en Bretagne et en Loire-Atlantique, via des boîtiers disposés en bordure de chaussées. Ce dispositif permet de signaler puis de diffuser aux automobilistes des informations relatives à leur trajet : présence de travaux, d’un accident ou autre situation.

La route recyclée et biosourcée

Eurovia, en collaboration avec VINCI Autoroutes, a dévoilé la première « route 100% recyclée » fin 2018. L’objectif est de développer une route constituée presque intégralement de matériaux recyclés, qui offre des performances et une durabilité semblables à celles des chaussées neuves plus traditionnelles.

L’Ifsttar travaille quant à lui sur des matériaux plus vertueux à utiliser dans la fabrication d’une route. Pour rappel, le béton est un mélange de granulés (gravillons, sables…) et d’un liant permettant de les agglomérer. Ce liant est souvent du bitume, un mélange très visqueux d’hydrocarbures fossiles. L’Ifsttar se focalise donc sur des liants bio-sourcés, notamment à base de micro-algues, pour préparer l’ère post-pétrole.

La route comme fournisseur d’énergie

Les chaussées étant exposées naturellement aux rayons de soleil, elles constituent de vastes gisements d’énergie que les opérateurs commencent à exploiter. Un revêtement photovoltaïque qui profite du rayonnement solaire pour générer de l’électricité a ainsi été mis au point par la filiale Wattway. Si la première expérimentation s’est avérée trop coûteuse et trop peu durable dans le temps, une deuxième version devrait bientôt voir le jour.

On peut aussi citer la route solaire thermique qui permet de récupérer une énergie aujourd’hui perdue. Le bitume favorise la constitution d’îlots de chaleur en raison de sa couleur foncée qui emmagasine les rayonnements du soleil. Ce dispositif permet de récupérer cette énergie en faisant circuler des tubes à environ 10 cm sous la chaussée au moyen d’un fluide caloporteur. L’énergie peut alors être immédiatement utilisée ou stockée dans des puits géothermiques pour un usage ultérieur. Il faut savoir que la température du bitume peut atteindre jusqu’à 60° en surface. On estime que l’énergie récupérable sur une année peut s’élever à plus de 250 kWh par mètre carré, ce qui est non négligeable.

La route à induction est aussi une innovation prometteuse pour l’avenir. Elle permettrait de faire en sorte qu’une chaussée recharge un véhicule électrique sans branchement quelconque, ni équipement supplémentaire. Cette technologie se base sur une bobine émettrice qui est placée sous le revêtement de la route et alimentée par un courant électrique provoquant un champ magnétique. Une autre bobine réceptrice doit être placée sous le véhicule. Elle reçoit alors ce champ magnétique qu’elle transforme en courant électrique directement transféré au moteur.
Une signalisation adaptée

L’entreprise Colas a mis au point un système de marquage lumineux intelligent, Flowell. Ce dernier a pour objectif de sécuriser les différents usagers de la route. Dans les faits, des LEDs sont encapsulées dans le marquage au sol et s'allument au déclenchement d'un capteur.

A Paris, où ce système a été installé au niveau d’un passage piéton particulièrement dangereux, les LEDs s'allument lorsque le feu est au rouge pour les voitures, tandis qu'une ligne rouge s'illumine sur le trottoir lorsque ces dernières peuvent circuler.

Le résultat est très prometteur car 97 % des usagers respectent les priorités, soit une progression de 27 points par rapport à avant la mise en place de ce système.

L’intelligence artificielle au service de la sécurité routière

L’intelligence artificielle se développe dans de nombreux secteurs d’activité dont l’automobile. Par exemple, la solution SafetyNext mesure à chaque moment, grâce à son AI, le risque pris par le conducteur et l’alerte en cas de prise de risques trop importante pour améliorer sa sécurité et éviter l’accident.

L’intelligence va ainsi permettre d’améliorer le confort de conduite ainsi que la sécurité des usagers de la route mais aussi faciliter l’entretien et réduire les risques d’accidents.

Solutions de déplacements partagés

La mobilité partagée commence déjà à s’intégrer dans les habitudes de déplacement des Français. Selon le ministère de la Transition écologique, près de 900 000 personnes y ont recours chaque jour pour aller travailler.

Parmi les solutions existantes, Mobicoop est un système de covoiturage solidaire qui permet de servir les populations dans le besoin et les territoires peu denses. Elle met en relation via une application digitale et une centrale d’appels les utilisateurs dans le besoin en termes de mobilité.

Padam Mobility propose des itinéraires qui s'adaptent aux réservations, en dehors des lignes et des horaires fixes des bus. A Clamart par exemple, des mini bus électriques sont en service ; dans l'Aisne, des navettes opèrent à la demande de la Régie des transports.

Autre solution pour faciliter et encourager le covoiturage, la mise en place de voies réservées sur l’autoroute aux véhicules effectuant un covoiturage. La métropole de Nantes expérimente, quant à elle, une offre en bout de ligne de bus avec une tarification qui permet de se reporter sur le covoiturage avec le titre de transport du réseau des transports en commun de l'agglomération.

Des innovations à suivre dans les prochains mois et années…


* Étude réalisée par Ipsos.Digital pour Roole sur un échantillon national représentatif de 2 000 personnes âgées de 16 à 75 ans, interrogées du 7 au 8 janvier 2022.

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